Qu’est-ce qu’une tourbière ?

Par définition, une tourbière est une zone humide dont le sol est constitué de tourbe. Cela signifie qu’une tourbière est gorgée d’eau en permanence, et impose donc aux êtres-vivants des conditions extrêmes pour vivre.

Où trouve-t-on des tourbières ?

En France, on ne rencontre pas des tourbières partout ! Il faut des conditions bien précises pour que les tourbières voient le jour :

• Un climat humide : le bilan hydrique doit être positif pour qu’une tourbière puisse se former. L’eau est le facteur primordial à la formation des tourbières : sans eau, pas de zone humide et sans zone humide, pas de tourbière …
• Des températures fraîches : sous les climats trop secs, l’évaporation (notamment en été) empêche l’eau de s’accumuler, et donc les tourbières de se former ;
• Un sol imperméable : pour que l’eau puisse s’accumuler ;
• Un accumulation de végétaux qui formeront la tourbe, comme les sphaignes qui jouent un rôle essentiel dans nos tourbières d’altitude.

Chez nous, les tourbières se situent donc là où se conditions sont réunies, c’est à dire la plupart du temps en montagne.

A une échelle plus large, on retrouve de nombreuses tourbières dans le nord de l’Europe : Russie, Norvège, Suède, Finlande, Islande, … Dans ces pays, les conditions sont optimales et les tourbières ont des surfaces immenses, puisque certaines sont plus grandes que la France !

Les sphaignes, usines à tourbe

Dès lors que les conditions sont favorables à la formation des tourbières, le processus de formation de la tourbe (= la tourbification) peut se mettre en place. Dans beaucoup de cas ce sont les sphaignes, mousses typiques des tourbières, qui vont être à l’origine de la tourbe.

Ces végétaux vivant sur l’eau ont en effet la particularité de « mourir » par leur base, qui se détache et tombe au fond de la zone humide. S’en suit une décomposition très ralentie car le froid, le manque d’oxygène et l’acidité du milieu rendent les conditions de vie extrêmes pour les organismes décomposeurs (bactéries, champignons, vers de terre, …). C’est ainsi que se forme la tourbe, qui n’est rien d’autre qu’une accumulation de sphaignes mal décomposées.

Ce processus de tourbification est très lent (de l’ordre du millimètre d’accumulation par an), ce qui fait des tourbières des écosystèmes fragiles à la moindre perturbation de leur milieu.

Menaces sur les tourbières

Malgré leur grande valeur patrimoniale et les nombreux services qu’elles rendent à l’Homme, les tourbières n’ont cessé de régresser. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, ce sont ainsi plus de 50% de nos tourbières qui ont disparues. Les raisons de cette hécatombe sont multiples :

Boisement

Dans les années 60-70, la politique de reboisement mise en place par l’Etat a été néfaste pour de nombreuses tourbières, les arbres ayant besoin d’énormément d’eau et asséchant les zones humides.

Artificialisation et aménagement

La création d’étangs pour la pêche, la chasse et comme lieu de loisirs est une cause majeure de destruction des tourbières, tout comme l’urbanisation, les aménagements touristiques, …

Nombreuses autres menaces et atteintes

La liste des atteintes ne s’arrête malheureusement pas là, et on peut citer de nombreuses autres causes de détérioration des tourbières : zones de décharge, remblais, aménagements routiers, pollution par les pesticides, assèchement par surexploitation de l’eau du bassin versant, …

Et même si les mesures politiques et législatives tendent de plus en plus à prendre en compte ces milieux, la protection des sites les plus emblématiques s’avère aujourd’hui indispensable, comme c’est le cas pour la tourbière des Saisies.

 Pour aller plus loin …

Pour tout savoir sur le monde des tourbières, consultez le site du pôle relais tourbières.